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 Chapitre 6 - Rendez-vous sur la voie 9 ¾

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Chapitre 6 - Rendez-vous sur la voie 9 ¾ Empty
MessageSujet: Chapitre 6 - Rendez-vous sur la voie 9 ¾   Chapitre 6 - Rendez-vous sur la voie 9 ¾ Icon_minitimeSam 16 Juil 2022 - 1:11


Chapitre 6 - Rendez-vous sur la voie 9 ¾ Gif_vi11

CLIQUE SUR L'IMAGE ci-dessous POUR ECOUTER L'HISTOIRE


Rendez-vous sur la voie 9 ¾


Le dernier mois que Harry passa chez les Dursley n’eut rien de très amusant. Dudley avait à présent si peur de lui qu’il ne voulait jamais se trouver dans la même pièce. Quant à l’oncle Vernon et à la tante Pétunia, ils avaient tout simplement décidé de ne plus lui adresser la parole. Ils ne l’enfermaient plus dans son placard, ne le forçaient plus à faire quoi que ce soit, ne le réprimandaient même plus. D’une certaine manière, c’était mieux qu’avant, mais un peu déprimant malgré tout.

Harry restait donc dans sa chambre en compagnie de sa chouette qu’il avait baptisée Hedwige, un nom trouvé dans son Histoire de la magie. Il passait ses journées à lire ses manuels scolaires tandis qu’Hedwige allait se promener, sortant et rentrant par la fenêtre ouverte. Fort heureusement, la tante Pétunia ne venait plus faire le ménage car Hedwige ne cessait de ramener des cadavres de souris. Tous les soirs avant de se coucher, Harry barrait un jour sur le calendrier de fortune qu’il avait fait lui-même sur un morceau de papier accroché au mur. Il attendait le 1er septembre.

La veille du jour où il devait partir à Poudlard, Harry descendit voir l’oncle Vernon pour lui demander s’il voulait bien le conduire à la gare le lendemain.

Dans le salon, les Dursley regardaient un jeu télévisé et il toussota pour signaler sa présence. En le voyant, Dudley poussa un hurlement et sortit de la pièce en courant.

—Heu… Oncle Vernon ?

L’oncle Vernon grogna pour indiquer qu’il l’avait entendu.

—Heu… Il faudrait que je sois à la gare de King’s Cross demain pour… pour aller à Poudlard.

L’oncle Vernon grogna à nouveau.

—Est-ce que tu voudrais bien m’y conduire ?

Grognement. Harry pensa que c’était sa façon de dire oui.

—Merci.

Il s’apprêtait à remonter l’escalier lorsque l’oncle Vernon se mit à parler.

—Drôle de façon d’aller dans une école de sorciers, le train. Les tapis volants sont en panne ?

Harry ne répondit rien.

—D’ailleurs, où se trouve-t-elle, cette école ?

—Je ne sais pas, dit Harry en prenant conscience pour la première fois de son ignorance à ce sujet. Je dois prendre le train à la gare de King’s Cross à onze heures, sur la voie 9 ¾, ajouta-t-il en regardant le billet que Hagrid lui avait donné.

Son oncle et sa tante l’observèrent avec des yeux ronds.

—La voie combien ?

—9 ¾.

—Ne dis pas de bêtises, dit l’oncle Vernon. La voie 9 ¾ n’existe pas.

—C’est écrit sur mon billet.

—Ils sont tous fous ! décréta l’oncle Vernon. Enfin, tu as de la chance, je devais de toute façon aller à Londres demain matin.

—Pour le travail ? demanda Harry, essayant d’être aimable.

—Non, j’emmène Dudley à l’hôpital. Il faut lui faire enlever cette queue en tire-bouchon avant qu’il entre au collège.

Le lendemain, Harry se réveilla dès cinq heures du matin et s’habilla d’un jean. Inutile de se faire remarquer en revêtant une robe de sorcier ! Il se changerait dans le train. Il jeta un coup d’œil à sa liste pour s’assurer qu’il n’avait rien oublié, vérifia qu’Hedwige était bien enfermée dans sa cage puis fit les cent pas dans la chambre en attendant que les Dursley se réveillent. Deux heures plus tard, l’oncle Vernon chargea son énorme valise pleine de livres et de fournitures scolaires dans le coffre de la voiture et ils prirent la direction de Londres après que la tante Pétunia eut convaincu Dudley qu’il n’y avait aucun danger à s’asseoir à côté de Harry.

A dix heures et demie, ils étaient devant King’s Cross. L’oncle Vernon mit la grosse valise sur un chariot et accompagna Harry jusqu’à l’entrée des voies.

—Et voilà, mon garçon, dit-il. La voie 9 est ici, la voie 10 juste à côté. J’imagine que la tienne doit se trouver quelque part entre les deux, mais j’ai bien peur qu’elle ne soit pas encore construite.

Il avait raison, bien sûr. Il y avait un gros chiffre en plastique au-dessus de chacun des deux quais et rien du tout au milieu.

—Bon voyage !

Et l’oncle Vernon repartit vers la voiture sans ajouter un mot. Harry se retourna et vit les Dursley repartir dans leur voiture en éclatant de rire. La gorge sèche, Harry se demanda ce qu’il allait bien pouvoir faire. La chouette enfermée dans sa cage intriguait les autres voyageurs et il sentait des regards se tourner vers lui.

Il demanda à un employé où se trouvait le train à destination de Poudlard, mais l’homme n’avait jamais entendu ce nom.

Harry étant incapable de lui dire dans quelle région l’endroit était situé, l’employé s’énerva, croyant qu’il se moquait de lui. Harry n’osa pas parler de la voie 9 ¾, il se contenta de demander d’où partait le train de onze heures mais l’employé lui répondit qu’aucun train ne partait à cette heure-là et il s’éloigna en maudissant tous ces gens qui lui faisaient perdre son temps.

Harry s’efforça de ne pas céder à la panique. La grosse horloge, au-dessus du tableau des arrivées, lui indiqua qu’il lui restait dix minutes avant le départ du train mais il ne savait absolument pas comment faire pour y monter. Il était seul au milieu de la gare, avec une valise qu’il pouvait à peine soulever, la poche pleine d’argent qui n’avait cours que chez les sorciers et une grande cage avec une chouette à l’intérieur.


Il se demanda si Hagrid n’avait pas oublié de lui dire quelque chose d’important sur la façon dont il devait s’y prendre pour trouver son train, comme lorsqu’il avait tapé sur la troisième brique à gauche pour pénétrer sur le Chemin de Traverse. Il se demandait s’il convenait de sortir sa baguette magique pour en tapoter le composteur situé entre les deux quais lorsqu’il entendit un groupe de voyageurs parler derrière lui.

—La gare est pleine de Moldus, il fallait s’y attendre, dit une voix.

Harry fit aussitôt volte-face. Une petite femme replète parlait à quatre garçons aux cheveux roux flamboyants. Chacun des garçons poussait un chariot sur lequel était posée une grosse valise semblable à celle de Harry. Et chacun d’eux avait un hibou.

Le cœur battant, Harry alla se placer derrière eux avec son propre chariot et décida de les suivre. Il était suffisamment près pour entendre ce qu’ils disaient.

—C’est quoi, le numéro de la voie ? demanda la mère des quatre garçons.

—9 ¾, dit une fillette également rousse qui tenait la main de la petite femme replète. Moi aussi, je veux aller à Poudlard.

—Tu n’es pas encore assez grande, Ginny, ce sera pour plus tard. Vas-y, Percy, passe le premier.

Celui qui semblait être l’aîné des quatre garçons se dirigea vers les voies 9 et 10, Harry l’observa attentivement, mais un groupe de touristes arriva au même moment et lui boucha la vue. Lorsque le dernier touriste fut passé, le garçon avait disparu.

—Fred, à toi maintenant, dit la mère.

—Fred, c’est pas moi, moi, c’est George, dit le garçon. Franchement, tu crois que c’est digne d’une mère de confondre ses enfants ? Tu ne vois pas que je suis George ?

—Désolée, mon chéri.

—C’était pour rire, dit le garçon. En fait, Fred, c’est moi..

Il s’avança à son tour vers les voies tandis que son frère jumeau lui disait de se dépêcher. Et il se dépêcha si bien qu’un instant plus tard, il avait disparu. Le troisième garçon se volatilisa de la même manière, sans que Harry comprenne comment il s’y était pris.

—Excusez-moi, dit alors Harry à la petite femme replète.

—Toi, je parie que c’est la première fois que tu vas à Poudlard, Ron aussi est nouveau, dit la femme en montrant son plus jeune fils, un grand dadais avec de grands pieds, de grandes mains et des taches de rousseur.

—C’est… c’est ça, dit Harry et je … je ne sais pas comment on fait pour…

—Ne t’inquiète pas, dit la femme. Il suffit de marcher droit vers la barrière qui est devant toi, entre les deux tourniquets. Ne t’arrête pas et n’aie pas peur de te cogner, c’est très important. Si tu as le trac, il vaut mieux marcher très vite. Vas-y, passe devant Ron.

—Euh… oui, d’accord… dit Harry.

Il fit tourner son chariot et regarda la barrière entre les voies 9 et 10. Elle paraissait très solide.

Il s’avança alors en poussant son chariot et marcha de plus en plus vite, bousculé par les voyageurs qui se hâtaient vers les voies 9 et 10. Penché sur son chariot, il se mit à courir. La barrière se rapprochait dangereusement. Trop tard pour freiner, à présent. Il n’était plus qu’à cinquante centimètres. Il ferma les yeux et attendit le choc.

Mais il n’y eut pas de choc. Il continua de courir sans rencontrer aucun obstacle et lorsqu’il rouvrit les yeux, il vit une locomotive rouge le long du quai où se pressait une foule compacte. Au-dessus de sa tête, une pancarte signalait: « Poudlard Express—11 heures ». En regardant derrière lui, Harry vit une grande arche de fer forgé à la place de la barrière et des tourniquets. Un panneau indiquait: « Voie 9 ¾ ». Il avait réussi à trouver son train.

De la fumée s’échappait de la locomotive et se répandait au-dessus de la foule, des chats de toutes les couleurs se glissaient çà et là entre les jambes des passagers et la rumeur des conversations était ponctuée par le bruit des valises traînées sur le quai et des ululements que les hiboux échangeaient d’un air grognon.

Les premiers wagons étaient déjà pleins d’élèves. Certains, penchés aux fenêtres, bavardaient avec leurs parents pendant que d’autres se battaient pour une place assise. Harry poussa son chariot le long du quai, à la recherche d’une place libre. Il passa devant un garçon au visage joufflu qui disait:

—Grand-mère, j’ai encore perdu mon crapaud.

—Neville ! soupira la vieille dame.

Un petit groupe se pressait autour d’un garçon coiffé avec des dreadlocks.

—Allez, montre-nous ça, Lee, vas-y.

Le garçon souleva le couvercle de la boîte qu’il tenait dans les mains et tout le monde se mit à hurler en voyant surgir une longe patte velue.

Harry se fraya un chemin parmi la foule jusqu’au dernier wagon où il trouva enfin un compartiment vide. Il posa d’abord la cage d’Hedwige à l’intérieur du wagon, puis il essaya de hisser sa valise sur le marchepied mais il ne parvint qu’à la laisser tomber sur son pied.

—On peut t’aider ? demanda l’un des jumeaux roux qu’il avait suivis à travers la barrière.

—Je veux bien, répondit Harry, le souffle court.

—Hé, Fred, viens nous donner un coup de main.

Avec l’aide des jumeaux, Harry parvint à s’installer avec sa valise dans un coin du compartiment libre.

—Merci, dit Harry en relevant d’un doigt une mèche de cheveux trempés de sueur.

—Qu’est-ce que c’est que ça ? demanda soudain l’un des jumeaux en montrant la cicatrice en forme d’éclair.

—Ça alors ! s’exclama l’autre frère, ce ne serait pas…

—Si, c’est sûrement lui, dit le premier jumeau. C’est bien ça ? ajouta-t-il à l’adresse de Harry.

—Quoi ? demanda celui-ci.

—Harry Potter, dirent en chœur les deux frères.

—Oui, oui, c’est lui, répondit Harry. Enfin, je veux dire… c’est moi.

Les deux frères le regardèrent bouche bée et Harry se sentit rougir. Puis, à son grand soulagement, une voix retentit à la porte du wagon.

—Fred ? George ? Vous êtes là ?

—On arrive, M’man.

Après avoir jeté un dernier coup d’œil à Harry, les jumeaux se hâtèrent de redescendre sur le quai.

Harry s’assit dans le coin près de la fenêtre. A demi-caché, il pouvait observer et entendre la famille aux cheveux roux sans être vu. La mère venait de sortir son mouchoir.

—Ron, dit-elle, tu as quelque chose sur le nez.

Le plus jeune des quatre frères essaya de se dérober mais sa mère l’attrapa par le bras et se mit à lui frotter le bout du nez.

—M’man ! Laisse-moi tranquille ! dit-il en parvenant à se dégager.

—Ma parole, le petit Ron à sa maman a quelque chose sur son nez ? dit l’un des jumeaux.

—Ferme-la, répliqua Ron.

—Où est Percy ? demanda leur mère.

—Il arrive.

L’aîné des garçons apparut, la démarche décidée. Il avait déjà revêtu la robe noire de Poudlard et Harry remarqua, épinglé sur sa poitrine, un petit insigne brillant qui portait la lettre P.

—Je ne peux pas rester très longtemps, Maman, dit-il. Je dois aller à l’avant du train, les préfets ont un compartiment réservé.

—Tu es préfet, Percy ? dit l’un de jumeaux avec surprise. Tu aurais dû nous prévenir, on n’en savait rien.

—Attends, je crois bien qu’il nous en a soufflé un mot, une fois, dit l’autre jumeau.

—Peut-être même deux fois.

—Maintenant que tu me le rappelles, je crois même qu’il nous en a parlé pendant une minute entière.

—Et même pendant tout l’été, à bien y réfléchir…

—Ça suffit, dit Percy le préfet.

—Comment ça se fait que Percy ait une robe neuve ? s’étonna l’un des jumeaux.

—Parce qu’il est préfet, répondit leur mère d’une voix émue. Fais bon voyage, mon chéri, et envoie-moi un hibou quand tu seras arrivé.

Elle embrassa Percy sur la joue et celui-ci s’éloigna. Elle se tourna ensuite vers les jumeaux.

—Vous deux, vous allez être sages, cette année ! lança-t-elle. Si jamais je reçois un hibou qui me dit que vous avez fait exploser les toilettes…

—Faire exploser les toilettes ? On n’a jamais fait ça.

—Mais c’est une bonne idée. Merci, M’man !

—Et occupez-vous bien de Ron.

—Ne t’en fais pas, le petit Ron à sa maman n’aura rien à craindre avec nous.

—Ça suffit, dit Ron.

Il était presque aussi grand que les jumeaux et son nez était tout rose à l’endroit où sa mère l’avait frotté.

—Hé, M’man, devine qui on vient de voir dans le train ? dit l’un des jumeaux.

Harry se blottit un peu plus dans son coin pour être sûr qu’ils ne le voient pas.

—Le petit brun qui était à côté de nous, à la gare ? Tu sais qui c’est ?

—C’est qui ?

—Harry Potter !

Harry entendit la voix flûtée de la petite fille.

—Oh, M’man, je peux monter dans le train pour aller le voir ? demanda-t-elle.

—Tu l’as déjà vu, répondit sa mère, et d’ailleurs, ce pauvre garçon n’est pas une bête curieuse qu’on va voir au zoo. Comment tu sais que c’est lui, Fred ?

—Je lui ai demandé. J’ai vu sa cicatrice. Elle a vraiment la forme d’un éclair.

—Pauvre petit, pas étonnant qu’il soit tout seul, je me disais bien.—Il était tellement poli quand il m’a demandé où se trouvait le quai.

—Tu crois qu’il se souvient de la tête qu’avait Tu-Sais-Qui ?

Leur mère devint soudain grave.

—Je t’interdis de lui poser cette question, Fred. Il n’a vraiment pas besoin qu’on lui rappelle ça pour son premier jour d’école.

Un sifflet retentit.

—Dépêchez-vous, dit la mère.

Les trois garçons montèrent dans le wagon. Percy, l’aîné, était déjà parti s’installer en tête du train. En voyant partir ses frères, la petite fille se mit à pleurer.

—T’en fais pas, lui dit l’un des jumeaux par la fenêtre verte. On t’enverra plein de hiboux.

—Et un siège de toilettes de Poudlard, ajouta son frère.

—George ! s’indigna sa mère.

—C’était pour rire, M’man.

Le train s’ébranla. Harry vit la mère des garçons faire de grands signes de la main tandis que la petite sœur, pleurant riant à la fois, courait le long du quai pour suivre le wagon. Lorsque le train prit de la vitesse, Harry regarda la mère et la fillette devenir de plus en plus petites, puis disparaître. Les maisons qui bordaient la voie défilaient devant la fenêtre du compartiment. Harry éprouvait un sentiment d’excitation. Il ne savait pas ce qui l’attendait, mais c’était certainement mieux que ce qu’il laissait derrière lui.

La porte du compartiment s’ouvrit et le plus jeune des frères aux cheveux roux entra.

—La place est libre ? demanda-t-il en montrant le siège en face de Harry. Les autres compartiments sont pleins.

Harry hocha la tête et le garçon s’assit. Il jeta un coup d’œil à Harry puis se tourna du côté de la fenêtre d’un air indifférent. Il avait toujours une tache noire sur le bout du nez.

—Hé, Ron.

Les jumeaux étaient de retour.

—On va dans le wagon du milieu, dit l’un. Lee Jordan a une tarentule géante, on va aller voir ça.

—D’accord, marmonna Ron.

—Harry, dit l’autre jumeau, je ne sais plus si nous nous sommes présentés. Fred et George Weasley. Et lui, c’est Ron, notre frère. A plus tard.

Les jumeaux s’en allèrent après avoir refermé la porte du compartiment.

—C’est vrai que tu es Harry Potter ? demanda brusquement Ron.

Harry confirma d’un signe de tête.

—Je m’étais dit que c’était peut-être une blague de Fred ou George. Et tu as vraiment cette… tu sais, la…

Il pointa le doigt vers le front de Harry. Celui-ci releva sa mèche pour lui montrer la cicatrice en forme d’éclair. Ron la contempla avec des yeux ronds.

—Alors, c’est là que Tu-Sais-Qui…

—Oui, dit Harry, mais je ne m’en souviens pas.

—Vraiment pas ? demanda avidement Ron.

—Je me souviens d’une lumière verte éblouissante, c’est tout.

—Eh ben, dis donc…

Il fixa Harry pendant quelques instants puis, comme s’il s’était soudain rendu compte de ce qu’il faisait, il regarda à nouveau par la fenêtre.

—Ils sont tous sorciers dans ta famille ? demanda Harry qui s’intéressait autant à Ron que Ron à lui.

—Oui, je crois, répondit Ron. Il paraît que M’man a un cousin qui est comptable, mais on ne parle jamais de lui à la maison.

—Alors tu dois être déjà très fort en magie.

Les Weasley étaient certainement l’une de ces vieilles familles de sorciers auxquelles faisait allusion le garçon au visage pâle qu’il avait rencontré sur le Chemin de Traverse.

—J’ai entendu dire que tu avais vécu dans une famille de Moldus. Ils sont comment, ces gens-là ?

—Horribles, répondit Harry. Enfin, pas tous. En tout cas, ma tante, mon oncle et mon cousin sont abominables. J’aurais bien voulu avoir trois frères sorciers.

—Cinq, rectifia Ron.

Son visage s’était soudain assombri.

—Je suis le sixième à aller à Poudlard, dans la famille. J’ai intérêt à être à la hauteur. Bill et Charlie, mes deux frères aînés, ont déjà fini leurs études. Bill était Préfet en chef et Charlie capitaine de l’équipe de Quidditch. Maintenant, c’est Percy qui est préfet.

—Préfet ? Qu’est-ce que c’est que ça ? demanda Harry.

—C’est un élève chargé de maintenir la discipline, répondit Ron. Une sorte de pion… Tu ne savais pas ça ?

—Je ne suis pas beaucoup sorti de chez moi, confessa Harry.

—Fred et George font pas mal de bêtises, poursuivit Ron, mais ils ont de bonnes notes et tout le monde les trouve très drôles. Et moi, on voudrait que je fasse aussi bien que les autres, mais même si j’y arrive, personne ne s’en apercevra, parce que je serai le sixième à le faire et on trouvera ça normal. Quand on a cinq frères, on n’a jamais rien de neuf. J’ai les vieilles robes de sorcier de Bill, la vieille baguette magique de Charlie et le vieux rat de Percy.

Ron sortit de sa poche un gros rat gris qui dormait.

—Il s’appelle Croûtard et il ne sert à rien. Il dort tout le temps. Mon père a offert un hibou à Percy quand il a été nommé préfet, mais il n’avait pas les moyens de… Enfin, je veux dire, c’est moi qui ai hérité de Croûtard.

Les oreilles de Ron devinrent écarlates, comme s’il avait eu le sentiment d’en avoir trop dit et il détourna la tête.

Harry ne voyait pas pourquoi il aurait fallu se sentir honteux de n’avoir pas les moyens d’acheter un hibou. Lui-même n’avait jamais eu d’argent jusqu’au mois dernier et il raconta à Ron qu’il devait se contenter de porter les vieux vêtements de Dudley.

—Jusqu’à ce que Hagrid me l’annonce, je ne savais pas que j’étais un sorcier, je ne savais même rien de mes parents, ni de Voldemort.

Ron laissa échapper une exclamation étouffée.

—Tu as prononcé le nom de Tu-Sais-Qui ! dit-il d’un air à la fois choqué et admirait. Je pensais que tu serais le dernier à…

—Ce n’est pas pour faire le malin, dit Harry. Simplement, je ne me suis pas encore habitué à ne pas dire son nom. J’ai beaucoup de choses à apprendre… Je suis sûr que je serai le plus mauvais élève de ma classe.

—Oh non, dit Ron d’un ton rassurant. Il y a plein d’élèves qui ont vécu dans des familles de Moldus et ils apprennent très vite.

Le train était sorti de Londres, à présent. Pendant un long moment, ils restèrent silencieux, contemplant les vaches et les moutons qui paissaient dans les prés, le long de la voie.

Vers midi et demi, ils entendirent un chariot tintinnabuler dans le couloir du wagon et une jeune femme souriante fit glisser la porte du compartiment.

—Vous désirez quelque chose, les enfants ? demanda-t-elle en montrant les marchandises disposées sur le chariot.

Harry, qui n’avait pas pris de petit déjeuner, se leva d’un bond. Ron, les oreilles à nouveau écarlates, marmonna qu’il avait apporté des sandwiches. Pour la première fois de sa vie, Harry avait les poches pleines d’argent et il était décidé à s’en servir pour s’acheter autant de barres de chocolat qu’il lui plairait. Mais en examinant les friandises que vendait la jeune femme, il s’aperçut qu’elles lui étaient totalement inconnues. Jamais il n’avait entendu parler des Dragées surprises de Bertie Crochue, des Ballongommes du Bullard, des Chocogrenouilles, des Patacitrouilles, des Fondants du Chaudron ou des Baguettes magiques à la réglisse. Comme il ne voulait rien manquer, il acheta un peu de tout et donna à la jeune femme les onze Mornilles et sept Noises qu’elle lui demanda.

Ron ouvrit de grands yeux lorsque Harry revint avec ses acquisitions et les étala sur la banquette.

—Tu as faim ? dit Ron.

—Je suis affamé, dit Harry en mordant avidement dans un Patacitrouille.

Ron était en train de déballer un paquet qui contenait quatre sandwiches. Il en prit un et fit la grimace.

—Ma mère oublie toujours que j’ai horreur du corned-beef, soupira-t-il.

—Si tu veux, je te l’échange contre ce qui te plaira.

—Il ne faut surtout pas manger ça, c’est tout sec, dit Ron. Ma mère n’a pas beaucoup le temps de faire la cuisine, nous sommes cinq enfants à la maison.

—Vas-y, sers-toi, proposa Harry, ravi de pouvoir partager quelque chose avec quelqu’un pour la première fois de sa vie. C’est quoi, ça ? demanda-t-il en montrant un paquet de Chocogrenouilles. Ce ne sont pas de vraies grenouilles, j’espère ?

—Non, mais regarde la carte qui est à l’intérieur, j’en fais collection. Il me manque Agrippa.

—La carte ?

—Dans chaque paquet de Chocogrenouille, il y a une carte sur un sorcier ou une sorcière célèbre. J’en ai déjà cinq cents, mais il m’en manque encore quelques-unes, Agrippa et Ptolémée, par exemple.

Harry ouvrit un paquet de Chocogrenouille et trouva la carte. Elle montrait la photo d’un homme avec des lunettes en demi-lune, un long nez aquilin, une chevelure argentée, une barbe et une moustache. Sous le portrait était écrit le nom du personnage: Albus Dumbledore.

—C’est lui, Dumbledore ? s’exclama Harry

—Ne me dis pas que tu n’en as jamais entendu parler ? Tiens, passe-moi un autre Chocogrenouille, j’y trouverai peut-être une carte qui me manque.

Harry retourna la carte et lut:

« ALBUS DUMBLEDORE, ACTUEL DIRECTEUR DU COLLEGE POUDLARD.

Considéré par beaucoup comme le plus grand sorcier des temps modernes, Dumbledore s’est notamment rendu célèbre en écrasant en 1945 le mage Grindelwald, de sinistre mémoire. Il travailla en étroite collaboration avec l’alchimiste Nicolas Flamel et on lui doit la découverte des propriétés du sang de dragon. Les passe-temps préférés du professeur Dumbledore sont le bowling et la musique de chambre. »

Harry regarda à nouveau la photo et fut stupéfait de constater que Dumbledore avait disparu.

—Il est parti ! s’écria-t-il.

—Tu ne voudrais pas qu’il reste là toute la journée, dit Ron. Mais ne t’en fais pas, il va revenir. Oh non, je suis encore tombé sur Morgane. J’en avais déjà six… Tu la veux ? Tu pourras commencer une collection.

Ron regarda avec envie la pile de Chocogrenouilles qui attendaient d’être ouverts.

—Vas-y, sers-toi, dit Harry, Tu sais, chez les Moldus, les gens restent immobiles sur leurs photos, expliqua-t-il.

—Ah bon ? Ils ne vont jamais faire un tour ? demanda Ron, étonné. Ça, c’est vraiment bizarre.

Harry vit alors Dumbledore reprendre sa place sur la photo et lui adresser un petit sourire. Ron avait beaucoup plus de plaisir à manger les Chocogrenouilles qu’à regarder les portraits des sorcières et sorciers célèbres mais Harry, lui, n’arrivait pas à en détacher les yeux. Bientôt, en plus de Dumbledore et de Morgane, il trouva les cartes de Hengist, de Woodcroft, d’Alberic Grunnion, de Circé, de Paracelse et de Merlin. Il s’arracha enfin à la contemplation de la druidesse Cliodna qui se grattait le nez pour ouvrir un sachet de Dragées surprises de Bertie Crochue.

—Fais attention avec ça, dit Ron. On peut vraiment avoir des surprises en mangeant ces trucs-là. Il y a toutes sortes de parfums. Si tu as de la chance, tu peux avoir chocolat, menthe ou orange, mais parfois, on tombe sur épinards ou foie et tripes. George dit qu’un jour il en a eu un au sang de gobelin.

Ron prit une dragée verte, l’examina attentivement et en mordit prudemment l’extrémité.

—Beuârk ! s’exclama-t-il. Du chou de Bruxelles !

Pendant un bon moment, ils s’amusèrent à manger les Dragées surprises. Harry tomba sur divers parfums, toast grillé, noix de coco, haricots blancs, fraise, curry, gazon, café, sardine. Il eut même le courage d’en goûter une qui avait une étrange couleur grise et que Ron refusa de toucher. C’était une dragée au poivre.

Après avoir traversé des paysages de campagne aux champs bien dessinés, le train abordait à présent une région plus sauvage, avec des forêts, des collines, des rivières qui serpentaient parmi les arbres.

Quelqu’un frappa à la porte du compartiment et le garçon joufflu que Harry avait déjà vu sur le quai 9¾ entra. Il avait l’air de pleurer.

—Vous n’auriez pas vu un crapaud ? demanda-t-il.

Ils firent « non » de la tête.

—Je l’ai perdu, se lamenta le garçon. Il n’arrête pas de s’échapper.

—Il va sûrement revenir, dit Harry.

—Oui, soupira le garçon d’un air accablé. Mais si tu le vois…

Et il sortit.

—Je me demande pourquoi il s’inquiète tellement, dit Ron. Si j’avais un crapaud, je ferais tout mon possible pour le perdre. Remarque, je n’ai rien à dire, avec Croûtard.

Pendant tout ce temps, le rat de Ron avait continué de dormir sur les genoux de son maître.

—Il pourrait aussi bien être mort, on ne verrait pas la différence, soupira Ron. Hier, j’ai essayé de lui jeter un sort, je voulais changer sa couleur en jaune pour le rendre un peu plus drôle, mais ça n’a pas marché. Je vais te montrer. Regarde…

Il fouilla dans sa valise et en sortit une vieille baguette magique tout abîmée. Quelque chose de blanc brillait à son extrémité.

—Elle est tellement vieille que le poil de licorne commence à sortir.

Au moment où il brandissait sa baguette, le garçon qui avait perdu son crapaud revint à la porte du compartiment, accompagné d’une fille vêtue de sa robe de Poudlard.

—Vous n’auriez pas vu un crapaud ? Neville a perdu le sien, dit la fille.

Elle avait d’épais cheveux bruns ébouriffés, de grandes dents et un ton autoritaire.

—On n’a rien vu du tout, répondit Ron.

Mais la fille ne l’écoutait pas. Elle regardait la baguette magique qu’il tenait à la main.

—Tu étais en train de faire de la magie ? demanda-t-elle. On va voir si ça va marcher.

Elle s’assit sur la banquette. Ron sembla pris au dépourvu. Il s’éclaircit la gorge.

—Bon, dit-il, allons y:

Soleil, jonquille et canari,

Que ce gros gras rat gris

En jaune soit colorié

De la tête jusqu’aux pieds.

Il agita sa baguette, mais rien ne se produisit. Croûtard était toujours aussi gris et n’avait même pas ouvert un œil.

—C’est ça que tu appelles jeter un sort ? dit la fille. Pas très brillant, comme résultat. Moi, j’ai essayé de jeter des sorts pour m’entraîner et à chaque fois, ça a marché. Personne n’est sorcier dans ma famille, j’ai eu la surprise de ma vie en recevant ma lettre, mais j’étais tellement contente ! On m’a dit que c’était la meilleure école de sorcellerie. J’ai déjà appris par cœur tous les livres qui sont au programme, j’espère que ce sera suffisant pour débuter. Ah, au fait, je m’appelle Hermione Granger, et vous ?

Elle avait dit tout cela très rapidement, sans reprendre souffle. Harry jeta un coup œil à Ron et fut soulagé. Son expression stupéfaite montrait que lui non plus n’avait pas appris par cœur tous les livres du programme.

—Je m’appelle Ron Weasley, marmonna Ron.

—Moi, c’est Harry Potter, dit Harry.

—C’est vrai ? s’exclama Hermione. Je sais tout sur toi, j’ai lu quelques livres supplémentaires pour ma culture générale et je peux te dire qu’on parle de toi dans Histoire de la magie moderne, Grandeur et décadence de la magie noire et Les Grands Evénements de la sorcellerie au XXe siècle.

—Ah bon ? dit Harry, abasourdi.

—Tu ne savais pas ? Si c’était à moi que c’était arrivé, j’aurais lu tous les livres où on en parlait, dit Hermione. Vous savez dans quelle maison vous serez ? Moi, j’espère bien aller chez les Gryffondor, ça m’a l’air d’être la meilleure. On m’a dit que Dumbledore y a fait toutes ses études, mais les Serdaigle ne doivent pas être mal non plus. Enfin, bon, on va essayer de retrouver le crapaud de Neville. Vous feriez bien de mettre vos robes de sorcier, vous deux, on ne va pas tarder à arriver.

Et elle s’en alla en emmenant le garçon joufflu abandonné par son crapaud.

—J’espère en tout cas qu’elle ne sera pas dans la même maison que moi, celle-là, dit Ron un rangeant sa baguette magique dans sa valise. Complètement idiot, ce sortilège. C’est George qui me l’a appris, il devait savoir que ça ne marchait pas.

—Tu pourrais m’en dire un peu plus sur les maisons de Poudlard ? demanda Harry.

—L’école est divisée en quatre maisons, répondit Ron. Les élèves sont répartis dans chaque maison selon leur personnalité. Il y a les Gryffondor, les Serdaigle, les Serpentard et les Poufsouffle.

—Et tes frères, ils sont dans quelle maison ?

—Gryffondor, dit Ron.

Cette fois encore, son visage s’assombrit.

—Mon père et ma mère y étaient aussi. Je me demande ce qu’ils diront si jamais je n’y suis pas. J’imagine que ce ne serait pas trop grave si je me retrouvais chez les Serdaigle, mais si jamais ils me mettent chez les Serpentard… C’était là qu’était Tu-Sais-Qui.

—Vol… je veux dire, Tu-Sais-Qui a fait ses études à Serpentard ?

—C’était il y a très longtemps.

Ron se laissa aller contre la banquette. La conversation sur les maisons de Poudlard semblait le démoraliser complètement.

—On dirait que le bout des moustaches de Croûtard a un peu jauni, dit Harry pour changer de sujet. Qu’est-ce qu’ils font, tes frères aînés, depuis qu’ils ont fini leurs études ?

Il se demandait ce que pouvait bien devenir un sorcier une fois ses diplômes en poche.

—Charlie est en Roumanie pour faire des recherches sur les dragons et Bill est en Afrique, en mission pour Gringotts. A propos de Gringotts, tu es au courant de ce qui s’est passé ? Il y a tout un article dans La Gazette du sorcier, mais j’imagine qu’on ne lit pas ça chez les Moldus. Des voleurs ont forcé un coffre.

Harry ouvrit de grands yeux.

—Et qu’est-ce qui leur est arrivé ?

—Rien, ils ne se sont pas fait prendre, c’est pour ça qu’on en parle tellement. Mon père dit qu’il faut être un grand expert en magie noire pour s’introduire chez Gringotts, mais apparemment, ils n’ont rien emporté. C’est bizarre. Bien sûr, quand ce genre de chose arrive, tout le monde a peur que Tu-Sais-Qui soit dans le coup.

Harry retourna dans sa tête la nouvelle qu’il venait d’apprendre. Il commençait à ressentir un frisson de crainte chaque fois qu’on lui parlait de Vous-Savez-Qui. C’était sans doute la conséquence de son entrée dans le monde magique. Il se sentait beaucoup moins à l’aise qu’au temps il pouvait prononcer le nom de Voldemort sans s’inquiéter.

—C’est quoi, ton équipe de Quidditch préférée ? demanda Ron.

—Heu… Je ne connais pas les équipes, avoua Harry.

—Quoi ? s’exclama Ron, abasourdi. Tu ne sais rien du Quidditch ? C’est le plus beau jeu du monde !

Il entreprit alors de lui en expliquer les règles, les quatre balles en jeu, les différents postes occupés par les joueurs. Il lui raconta les plus beaux matches qu’il avait vus en compagnie de ses frères et lui décrivit en détail le balai volant qu’il aurait aimé acheter s’il avait eu assez d’argent pour ça. Il était en train de lui expliquer les aspects les plus complexes du jeu lorsque la porte du compartiment s’ouvrit à nouveau. Cette fois-ci, ce n’étaient ni Neville, ni Hermione Granger.

Trois élèves de Poudlard entrèrent et Harry reconnut parmi eux le garçon au teint pâle dont il avait fait la connaissance dans la boutique de vêtements de Madame Guipure. Cette fois, il regardait Harry avec beaucoup plus d’intérêt que lors de leur première rencontre.

—Alors, c’est vrai ? lança-t-il. On dit partout que Harry Potter se trouve dans ce compartiment. C’est toi ?

—Oui, dit Harry.

Il regarda les deux autres garçons. Tous deux étaient solidement bâtis et avaient l’air féroce. Debout de chaque côté du garçon au teint pâle, ils avaient l’air de gardes du corps.

—Lui, c’est Crabbe et l’autre, c’est Goyle, dit le garçon d’un air détaché. Moi, je m’appelle Malefoy, Drago Malefoy.

Ron eut une toux discrète qui ressemblait à un ricanement. Drago Malefoy tourna les yeux vers lui.

—Mon nom te fait rire ? Inutile de te demander le tien.

—Mon père m’a dit que tous les Weasley ont les cheveux roux, des taches de rousseur et beaucoup trop d’enfants pour pouvoir les nourrir.

Il se tourna à nouveau vers Harry.

—Fais bien attention à qui tu fréquentes, Potter. Si tu veux éviter les gens douteux, je peux te donner des conseils.

Malefoy lui tendit la main, mais Harry refusa de la serrer.

—Je n’ai besoin de personne pour savoir qui sont les gens douteux, dit-il avec froideur.

Les joues pâles du garçon rosirent légèrement,

—Si j’étais toi, je serais un peu plus prudent, Potter, dit-il lentement. Si tu n’es pas plus poli, tu vas finir comme tes parents. Eux aussi ont manqué de prudence. Si tu trames avec de la racaille comme les Weasley ou ce Hagrid, ils finiront par déteindre sur toi.

Harry et Ron se levèrent en même temps. Le visage de Ron était aussi rouge que ses cheveux.

—Répète un peu ça, dit-il.

—Vous voulez vous battre, tous les deux ? lança Malefoy avec mépris.

—Vous feriez mieux de filer d’ici, dit Harry en s’efforçant de paraître plus assuré qu’il ne l’était, car Crabbe et Goyle étaient beaucoup plus grands que Ron et lui.

—Oh, mais on n’a pas du tout l’intention de s’en aller, pas vrai, les gars ? On a fini toutes nos provisions et vous avez l’air d’en avoir encore.

Goyle tendit la main vers les Chocogrenouilles qui se trouvaient à côté de Ron. Ron se jeta aussitôt sur lui, mais avant qu’il ait pu toucher son adversaire, celui-ci poussa un hurlement épouvantable.

Croûtard le rat était suspendu à un doigt de Goyle, ses dents pointues profondément plantées dans une phalange. Crabbe et Malefoy reculèrent d’un pas tandis que Goyle, toujours hurlant, agitait la main en tous sens pour essayer de se débarrasser de Croûtard. Le rat finit par lâcher prise et fut projeté contre la fenêtre. Les trois garçons s’éclipsèrent aussitôt, craignant sans doute que d’autres rats se soient cachés parmi les friandises. Quelques instants plus tard, Hermione Granger arriva à son tour dans le compartiment.

—Qu’est-ce qui s’est passé, ici ? demanda-t-elle en voyant les friandises étalées par terre et Ron qui tenait Croûtard la queue.

—Je crois bien qu’il est assommé, dit Ron.

Il examina le rat de plus près.

—Ça, c’est incroyable ! s’exclama-t-il. Il n’est pas assommé, il s’est tout simplement rendormi !

En effet, Croûtard dormait paisiblement.

—Tu le connaissais déjà, ce Malefoy ? demanda Ron.

Harry lui raconta sa rencontre avec lui sur le Chemin de Traverse.

—J’ai entendu parler de sa famille, dit Ron d’un air sombre. Ils ont été parmi les premiers à revenir de notre côté quand Tu-Sais-Qui a disparu. Ils ont prétendu qu’ils avaient été victimes d’un mauvais sort, mais mon père n’y croit pas. Il dit que le père de Malefoy n’a pas besoin de mauvais sort pour se mettre dans le camp des forces du Mal.

—Vous feriez bien de vous changer, dit Hermione. Je suis allée voir le machiniste dans la locomotive et il m’a dit que nous étions presque arrivés. Vous ne vous êtes quand même pas battus, j’espère ? Vous cherchez les ennuis avant même qu’on soit là-bas !

—C’est Croûtard qui s’est battu, pas nous, répliqua Ron en lui lançant un regard noir. Ça ne t’ennuierait pas de nous laisser tranquilles pendant qu’on se change ?

—D’accord, je m’en vais, dit Hermione d’un air hautain. J’étais venue vous voir parce que les autres ne font que des bêtises, ils courent dans le couloir comme des idiots et toi, tu as une saleté sur le nez, si tu veux savoir.

Ron lui adressa un regard féroce tandis qu’elle sortait du compartiment. Dehors, la nuit commençait à tomber. Des montagnes et des forêts défilaient sous un ciel pourpre et le train semblait perdre de la vitesse.

Ron et Harry enfilèrent leur robe de sorcier. Celle de Ron était un peu trop courte pour lui, on voyait ses chaussures et le bas de son pantalon.

Une voix retentit alors dans le train:

—Nous arriverons à Poudlard dans cinq minutes. Veuillez laisser vos bagages dans les compartiments, ils seront acheminés séparément dans les locaux scolaires.

Harry sentit son estomac se contracter et il vit Ron pâlir sous ses taches de rousseur. Après avoir rempli leurs poches des dernières friandises qui restaient, ils rejoignirent la foule des élèves qui se pressaient dans le couloir.

Lorsque le train s’arrêta enfin, tout le monde se précipita vers la sortie et descendit sur un quai minuscule plongé dans la pénombre. L’air frais de la nuit fit frissonner Harry. Une lampe se balança alors au-dessus de leur tête et Harry entendit une voix familière:

—Les première année, par ici. Suivez-moi. Ça va, Harry ?

La grosse tête hirsute de Hagrid, le regard rayonnant, dominait la foule des élèves.

—Les première année sont tous là ? Allez, suivez-moi. Et faites attention où vous mettez les pieds. En route !

Glissant et trébuchant, la file des élèves suivit Hagrid le long d’un chemin étroit et escarpé qui s’enfonçait dans l’obscurité. Harry pensa qu’ils devaient se trouver au cœur d’une épaisse forêt. Personne ne parlait beaucoup. Neville, celui qui avait perdu son crapaud, renifla à plusieurs reprises.

—Vous allez bientôt apercevoir Poudlard, dit Hagrid en se retournant vers eux. Après le prochain tournant.

Il y eut alors un grand « Oooooh ! ».

L’étroit chemin avait soudain débouché sur la rive d’un grand lac noir. De l’autre côté du lac, perché au sommet d’une montagne, un immense château hérissé de tours pointues étincelait, de toutes ses fenêtres dans le ciel étoilé.

—Pas plus de quatre par barque, lança Hagrid en montrant une flotte de petits canots alignés le long de la rive.

Harry et Ron partagèrent leur barque avec Hermione et Neville.

—Tout le monde est casé ? cria Hagrid qui était lui-même monté dans un bateau. Alors, EN AVANT !

D’un même mouvement, les barques glissèrent sur l’eau du lac dont la surface était aussi lisse que du verre. Tout le monde restait silencieux, les yeux fixés sur la haute silhouette du château, dressé au sommet d’une falaise.

—Baissez la tête, dit Hagrid lorsqu’ils atteignirent la paroi abrupte.

Tout le monde s’exécuta tandis que les barques franchissaient un rideau de lierre qui cachait une large ouverture taillée dans le roc. Les bateaux les emportèrent le long d’un tunnel sombre qui semblait les mener sous le château. Ils arrivèrent alors dans une sorte de crique souterraine et débarquèrent sur le sol rocheux.

—Hé, toi, là-bas, c’est à toi ce crapaud ? dit Hagrid qui regardait dans les barques pour voir si personne n’avait rien oublié,

—Trevor ! s’écria Neville en tendant les mains.

Guidés par la lampe de Hagrid, ils grimpèrent le long d’un passage creusé dans la montagne et arrivèrent enfin sur une vaste pelouse qui s’étendait à l’ombre du château. Ils montèrent une volée de marches et se pressèrent devant l’immense porte d’entrée en chêne massif.

—Tout le monde est là ? demanda Hagrid. Toi, là-bas, tu as toujours ton crapaud ?

Puis le géant leva son énorme poing et frappa trois fois à la porte du château.
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Chapitre 6 - Rendez-vous sur la voie 9 ¾
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