L'arbre à poèmes - DNB 2021

Admin Messages : 2557 Réputation : 1 Date d'inscription : 01/04/2020

L'arbre à poèmes

COMPREHENSION ET COMPETENCES D’INTERPRETATION: (28 points)

1. Montrez que l’arbre est personnifié en relevant deux éléments que vous expliquerez. (4 pts)
- " Question de mémoire, dirai-je." (ligne 4)
L'arbre est doté de la capacité de parler et de raisonner ce qui est une caractéristique humaine.
- " Je suis réfractaire, ..." (ligne 11)
L'arbre est capable de résister et de se dicter sa propre conduite ce qui est une propriété réservée à l'être humain.

L’arbre parle et s’exprime à la première personne du singulier : « Je suis l’arbre à poèmes »(ligne 1).
Il éprouve des sentiments : « je ne m’émeus pas » (ligne 11), « j’ai peur » (ligne 15), « je me ris » (ligne 23), etc.
Il agit : « je les truffe » (ligne 14), « je m’accroche » (ligne 17), etc.
Il s’interroge sur son identité : « Suis-je réellement un arbre ? » (ligne 15).
Enfin il affirme : « Je suis vivant » (ligne 24).

2. Quels reproches l’arbre poète fait-il à l’homme ? Trois éléments de réponse sont attendus. (6 pts)

L'arbre poète reproche aux hommes de ne pas faire de campagnes importantes pour le sauver. (lignes 1-3)
Il reproche aux hommes d'oublier qu'il fait partie d'une espèce très vieille et de ne pas s'inquiéter de sa disparition. (lignes 4-6)
Il leur reproche de préférer des espèces nouvelles plus faciles à gérer et plus rentables. (lignes 7-9)

L’arbre reproche à l’homme :
- son indifférence : « j’appartiens à une espèce en voie de disparition. Mais personne ne s’en émeut » (lignes 1 et 2).
- une nature domptée, manipulée et rationalisée : « On invente des arbres qui poussent vite, se contentent de l’eau et du soleil qu’on leur mesure »(…) (lignes 7- Cool

.
- son caractère superficiel : « du nouveau dont ils sont si friands » (lligne 6).
- ses mensonges : « le triste langage de l’espèce menteuse » (ligne 16).
- sa violence : « m’emparer d’une hache » (ligne 16).

3. Lignes 17 à 24 : de « Alors je m’accroche de toutes mes forces… » à « Je suis vivant ».
a. Dans ce passage, relevez 3 éléments qui justifient l’affirmation : « Je suis vivant » (ligne 24) (3 pts)
" Je remonte le cours de la parole " donc je n'accepte pas de me taire.
" J'en fais les bourgeons qui me plaisent " donc je fais ce qui me plait et j'agis en liberté.
" Je me ris de l'éphémère et de l'éternel " donc je vis au présent.

L’arbre est ancré dans le sol, il ne se contente pas de faire « son métier d’arbre » : « je m’accroche de toutes mes forces à mes racines » (lignes 17-18). Ses racines sont des « veines » (ligne 18).
Il parle un langage plein de vitalité « cri primordial » (ligne 19) et pluriel « l’écheveau des langues ». - Sa parole est féconde : les « bourgeons » deviennent « fleurs ».
Il n’est pas soumis au temps : « Je me ris de l’éphémère et de l’éternel » (ligne 23).

b. En quoi ce passage présente-t-il une vision poétique du monde ? Justifiez votre réponse. (4 pts)
Pour l'arbre à poèmes, le monde ne peut se passer de poésie et de liberté de parole. Il veut se servir de sa force pour libérer la parole, la musique, la lumière et donner naissance aux fleurs en s'alliant avec les étoiles et les oiseaux restés libres.
Dans ce passage :

L’arbre poète est en communion avec la nature : « bourgeons », « fleurs », « étoiles », « oiseaux ».
Il transforme la langue en « musique » et « lumière ».
Les mots deviennent image : « L’image se rend à moi » (ligne 20).
Il célèbre la liberté et la beauté : sous son regard, les « bourgeons » deviennent « fleurs », les « étoiles » ses complices et les « oiseaux » un symbole de liberté.
Son poème est un hymne à la vie : « Je suis l’arbre à poèmes », « Je suis vivant ».

4. Abdellatif Laâbi a passé plusieurs années en prison parce qu’il a fait le choix de parler librement.
Dans ce poème, comment le poète montre-t-il qu’il tient à défendre sa liberté ?
Trois éléments de réponse sont attendus. (6 pts)

L'arbre incite les hommes à le protéger, à ne pas le laisser mourir.
Il dit aussi qu'il ne se laissera pas faire et réagira notamment en mettant des épines aux fruits si besoin.
Enfin il rappelle qu'il résistera de toutes ses forces pour rester libre.

- Le poème affirme son identité : anaphore de « Je suis l’arbre à poèmes »(ligne 1).
- Il résiste à toute tentative de manipulation : « Je suis réfractaire, maître de mes mutations » (ligne 11).
- Il manifeste sa force : « Je m’accroche de toutes mes forces à mes racines » (lignes 17-18).
- Il sait combattre et se protéger : « J’y mets tantôt du nectar, tantôt du fiel » (ligne 13), « Et quand je vois de loin un prédateur, je les truffe d’épines » (lignes 13-14).
- Il refuse d’aller à l’encontre de ses valeurs : « j’ai peur (…) de m’abattre sur le tronc du plus faible de mes voisins. » (lignes 15-18).
- Il prend de la hauteur par rapport au temps humain : « Je me ris de l’éphémère et de l’éternel » (ligne 23).
- Personne ne parvient à le faire taire, son poème se termine par un cri du cœur : « Je suis vivant »(ligne 24).

5. Quels liens pouvez-vous établir entre ce texte et le document iconographique ?
Deux éléments de réponse sont attendus. (5 pts)
L'arbre dit qu’il « attrape le bout du fil et tire pour libérer la musique » (ligne 19),
sur l'image, la souche de l’arbre est un gramophone qui sert à diffuser de la musique.
L'arbre à poèmes « fait les bourgeons qui lui plaisent et donne rendez-vous aux fleurs » (lignes 20-21),
sur l'image, le gramophone fabrique des bourgeons au lieu de notes de musique.

L’arbre se réinvente et résiste : la souche devient gramophone.
L’arbre chante et de ses entrailles surgit la beauté : oiseau, fluidité et finesse des lignes.
L’arbre renaît à la vie, se libère et retrouve une âme.
L’arbre amputé d’une partie de lui-même retrouve une parole personnelle et poétique.
La souche du document iconographique est morte tandis que dans le texte, l’arbre est vivant.

GRAMMAIRE ET COMPETENCES LINGUISTIQUES : (22 points)

6. « réellement » (ligne 15)
a. Expliquez la formation du mot en nommant précisément les éléments qui le constituent.(1 point)
L'adverbe "réellement" est formé à partir du radical: l'adjectif féminin réelle auquel on a ajouté le suffixe adverbial -ment.
b. Donnez la classe grammaticale de ce mot.(1 point)
« Réellement » est un adverbe.

7. « (…) je les truffe d’épines. » (ligne 14) :(3 pts)
Réécrivez cette phrase en remplaçant le pronom souligné par le groupe de mots auquel il renvoie dans le texte.
« (…) je truffe d’épines les fruits que je donne. »

8. « Ils se délestent alors du plus encombrant, font de la place en prévision du nouveau dont ils sont si friands. » (lignes 5 et 6)
a) Relevez tous les verbes conjugués de cette phrase. (3 pts)
Il y a trois verbes conjugués dans cette phrase : « se délestent », « font » et « sont »
b) En fonction du nombre de verbes, que peut-on dire sur la construction de la phrase ? (2 pts)
Dans cette phrase, il y a deux propositions juxtaposées séparées par une virgule et une proposition subordonnée relative commençant par le pronom "dont". C'est une phrase complexe.

9. Réécrivez la phrase ci-dessous en remplaçant la proposition subordonnée relative par un adjectif qualificatif de même sens. (2 pts) :
« On a bien essayé sur moi des manipulations, qui n’ont rien donné.» (lignes 10 et 11)
« On a bien essayé sur moi des manipulations inutiles / stériles / inefficaces / infructueuses.»

10. Réécrivez le passage suivant en remplaçant « je » par « nous » et en conjuguant les verbes à l’imparfait de l’indicatif. Vous ferez toutes les modifications nécessaires. (9 points)
« Alors je m'accroche de toutes mes forces à mes racines. Dans leurs veines infinies je remonte le cours de la parole jusqu'au cri primordial. Je défais l'écheveau des langues. »
Alors nous nous accrochions de toutes nos forces à nos racines. Dans leurs veines infinies nous remontions le cours de la parole jusqu'au cri primordial. Nous défaisions l'écheveau des langues.