L'habitus selon Pierre Bourdieu

Admin Messages : 2557 Réputation : 1 Date d'inscription : 01/04/2020

"L'habitus, comme le mot le dit, c'est ce que l'on a acquis, mais qui s'est incarné de façon durable dans le corps sous forme de dispositions permanentes.
La notion rappelle donc de façon constante qu'elle se réfère à quelque chose d'historique, qui est lié à l'histoire individuelle, et qu'elle s'inscrit dans un mode de pensée génétique […].
Et de fait, l'habitus est un capital, mais qui, étant incorporé, se présente sous les dehors de l'innéité. […].
C'est une espèce de machine transformatrice qui fait que nous « reproduisons » les conditions sociales de notre propre production, mais d'une façon relativement imprévisible. […]
L'habitus est un principe d'invention qui, produit par l'histoire, est relativement arraché à l'histoire : les dispositions sont durables, ce qui entraîne toutes sortes d'effets d'hystérésis (de retard, de décalage, dont l'exemple par excellence est Don Quichotte).
On peut le penser par analogie avec un programme d'ordinateur (analogie dangereuse, parce que mécaniste), mais un programme autocorrectible."
Pierre Bourdieu « Le marché linguistique », in Questions de sociologie, Éditions de Minuit, 1980.

Que veut dire Pierre Bourdieu quand il indique que l'habitus « se présente sous les dehors de l'innéité » ?

Pierre Bourdieu est un sociologue français qui a élaboré le concept d’habitus pour analyser les pratiques sociales et les rapports entre les agents et les structures.
L’habitus est un système de dispositions acquises par la socialisation, qui oriente les perceptions, les jugements et les actions des individus.
L’habitus n’est pas une habitude mécanique, mais un principe générateur de pratiques adaptées aux différents contextes.
Quand Pierre Bourdieu dit que l’habitus « se présente sous les dehors de l’innéité », il veut dire que l’habitus est un capital incorporé, qui semble naturel et inné, alors qu’il est le produit de l’histoire individuelle et collective.
L’habitus est donc une manière d’être et d’agir qui est à la fois héritée et créatrice, qui reproduit les structures sociales et qui les transforme.

Quels sont les liens entre la socialisation et les habitus ?

La socialisation est le processus par lequel les individus apprennent et intériorisent les normes, les valeurs, les savoirs et les pratiques propres à leur groupe social.
Les habitus sont les systèmes de dispositions durables et transposables que les individus acquièrent par la socialisation.
Les habitus orientent les perceptions, les jugements et les actions des individus en fonction des contextes sociaux.

La socialisation produit donc des habitus qui sont à la fois hérités et créateurs, qui reproduisent les structures sociales et qui les transforment.
Les habitus sont le résultat de l’histoire individuelle et collective, mais ils sont aussi le principe d’invention de nouvelles pratiques.
Les habitus ne sont pas des habitudes mécaniques, mais des principes générateurs de pratiques adaptées aux différents contextes.
Les habitus sont donc à la fois structurés par la socialisation et structurants pour l’action sociale.

L'habitus est-il fixé pour la vie ? Change-t-il facilement ?
L’habitus n’est pas fixé pour la vie, mais il change difficilement.
L’habitus est le produit de l’histoire individuelle et collective, mais il est aussi le principe d’invention de nouvelles pratiques.
Il s’agit d’un système de dispositions durables et transposables, qui oriente les perceptions, les jugements et les actions des individus en fonction des contextes sociaux.

L’habitus tend à assurer sa propre constance et sa propre défense contre le changement à travers la sélection qu’il opère entre les informations nouvelles.
Il rejette ou évite les informations capables de mettre en question l’information accumulée, qui correspond à la position sociale de l’individu.
Il y a donc une sorte d’ajustement entre l’habitus et le champ, qui renforce la reproduction des structures sociales.

Cependant, l’habitus n’est pas une habitude mécanique, mais un principe générateur de pratiques adaptées aux différents contextes.
L’habitus est donc à la fois structuré par la socialisation et structurant pour l’action sociale. Il peut donc évoluer en s’ajustant aux conditions de l’action, notamment lorsque la trajectoire sociale des individus change.
Le changement d’habitus n’est pas facile, car il implique de remettre en cause des préférences, des valeurs, des savoirs et des pratiques qui semblent naturels et innés, alors qu’ils sont le résultat d’un processus historique et social.

Pour changer une habitude, il faut donc savoir ce que l’on veut changer, pourquoi on veut changer, et par quel autre comportement on peut remplacer l’habitude indésirable.
Il faut aussi être motivé, persévérant, et se fixer des objectifs réalistes et mesurables.
Il faut également se préparer aux obstacles et aux tentations, et se récompenser pour les progrès accomplis.
Le changement d’habitude peut être facilité par le soutien d’autrui, par l’apprentissage de nouvelles compétences, ou par la modification de l’environnement.
Le changement d’habitude est un processus qui demande du temps et de l’effort, mais qui peut être bénéfique pour le bien-être et l’épanouissement personnel.

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